Dans un remarquable article universitaire publié en 2021 sur le site revuebaobab.org, Chamsoudine Zataou Djibo de l’Université Abdou Moumouni de Niamey, met en lumière un aspect fondamental de l’œuvre de Boubou Hama : son enracinement profond dans la culture songhaï-zarma et la manière dont il en fait un vecteur d’affirmation identitaire.
Boubou Hama, passeur de mémoire
Dès son jeune âge, Boubou Hama est initié à la tradition ancestrale. Cette culture, marquée par un univers complexe, devient pour lui une source d’inspiration constante. Elle n’est pas seulement un décor ou un motif littéraire, mais bien la matrice de son identité et la colonne vertébrale de son œuvre. À travers elle, il cherche à transmettre un héritage culturel à la fois spirituel et philosophique, tout en le rendant intelligible au lecteur contemporain.
L’analyse de Chamsoudine Zataou Djibo s’appuie sur la méthode de la psychocritique développée par Charles Mauron, qui permet de révéler le « mythe personnel » de l’auteur à partir de ses obsessions créatrices. Dans le cas de Boubou Hama, ce mythe s’articule notamment autour de Fonéko, son village natal, de la cosmogonie songhaï, des cultes d’adoration et d’un imaginaire puissamment ancré dans les croyances et les pratiques de son village. Ce retour aux sources est à la fois un geste littéraire et un acte politique : il s’agit de revaloriser un savoir traditionnel mis à mal par la colonisation.
Comment embrasser la modernité sans trahir ses racines ?
Mais l’œuvre de Boubou Hama ne se limite pas à une seule revendication culturelle. Comme le souligne l’auteur de l’article, il incarne aussi une figure d’hybridité culturelle : formé à l’école coloniale, il conjugue rationalité scientifique occidentale et spiritualité africaine. Cette tension féconde pose une question toujours actuelle :
Comment accéder à la connaissance rationnelle et scientifique des occidentaux, sans affaiblir sa tradition et les valeurs spirituelles de son pays d’origine?
L’article de Chamsoudine Zataou Djibo propose une lecture fine, richement documentée, de l’œuvre de Boubou Hama comme témoignage et comme résistance, comme un pont entre des mondes souvent perçus comme opposés. Il contribue à faire reconnaître la profondeur de la culture songhaï-zarma dans l’histoire intellectuelle africaine, et le rôle fondateur que Boubou Hama a joué dans sa mise en récit littéraire.
L’article complet de Chamsoudine Zataou Djibo est à consulter ici : « Aspects de la culture songhay-zarma et revendication identitaire dans l’écriture de Boubou Hama« , Revue Baoba, premier semestre 2021, p.103-117.