C’est une belle découverte que nous avons faite au sein des archives de l’Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine (IMEC) : cinq lettres échangées entre le compositeur Jean-Louis Florentz et Boubou Hama, datées de 1977 à début 1979. Ces échanges chaleureux et empreints d’un profond respect, révèlent un dialogue entre deux hommes que la quête de sens, l’amour des cultures et une vision poétique du monde ont rapprochés.
Jean-Louis Florentz (1947–2004)
Jean-Louis Florentz est un compositeur atypique du paysage musical français. Son œuvre se distingue par une profonde spiritualité, une exigence formelle rigoureuse, et un lien étroit avec les musiques traditionnelles, en particulier celles d’Éthiopie et d’Afrique de l’Ouest. Épris d’ethnomusicologie, il arpente l’Afrique pour écouter, transcrire, comprendre. Le compositeur, profondément religieux concevait la musique comme un rituel, une prière sonore, une exploration des origines du sacré. Son écriture musicale épurée s’inspire, par ailleurs, du langage liturgique.
Une correspondance empreinte d’universalité
Durant deux ans, les deux personnalités ont échangé à plusieurs reprises et dans sa première lettre, Boubou Hama écrit :
« La culture n’a pas de frontière et […] elle n’est valable que quand elle unit les continents et leurs hommes. »
Dans une autre, il écrira :
« L’essence d’une œuvre réside dans ce qu’elle évoque. »
Tout est dit. À travers cette correspondance, c’est une vision commune qui se dessine : celle d’une culture qui relie au lieu de diviser, qui dialogue au lieu de s’imposer. Boubou Hama, penseur de l’humanité universelle, et Jean-Louis Florentz, explorateur des voix anciennes, se rejoignent dans cette conviction partagée.
Les lettres témoignent d’une bienveillance concrète et abordent des thèmes variés, mais un symbole revient avec force : le Ténéré, cet arbre du désert mythique du Sahara. Boubou Hama y voit l’infini et l’élévation intérieure. Jean-Louis Florentz s’en empare pour créer une œuvre musicale monumentale qu’il dédiera à Boubou Hama :
Ténéré
Incantation sur un verset coranique
Op. 2, 1977–1978 pour orchestre
Ces cinq lettres sont des fragments d’un pont jeté entre deux continents, disciplines et traditions. Elles incarnent ce que Boubou Hama appelait dans son œuvre Le Double d’hier rencontre demain : un croisement fertile entre passé et avenir, entre Afrique et Europe, entre art et humanisme.
En savoir plus
- Jean-Louis Florentz sur [Maison de la Musique Contemporaine]
- Boubou Hama sur Biographie complète

